IL FIGLIO, MANUEL

en VOD

En 2018, malgré une crise qui dure depuis trentre ans, et malgré son manque de moyens, le cinéma italien – comme cela lui arrive régulièrement pour conserver son crédit – voit émerger un nouvel auteur Dario Albertini, 45 ans. Après de premiers pas comme documentaristes, ce Romain est passé à la fiction avec une force rare. Il figlio Manuel en est la preuve irréfutable.

Dans ce film, il s’intéresse à un garçon de 18 ans pour qui est venu le temps de quitter le foyer pour jeunes dans lequel il a passé son adolescence, pendant que sa mère se consumait en prison. Avec son look néo punk, son bombers, sa coupe au bol, il ne lui manquerait plus qu’un pitbull pour incarner le parfait paria. Mais Manuel vaut mieux que ça, Manuel est un tendre dans un monde de brutes et il rêve d’une vie normale.

Pour que sa mère puisse rejoindre leur appartement, il va lui falloir démontrer à la société qu’il est responsable, digne de confiance. Mais quel est le prix à payer ? Quelles angoisses devra-t-il surmonter ? Comment va-t-il dominer ce vaste monde qui s’offre à lui, quand tout était dans le fond plus simple entre les quatre murs de son institution ? Toutes ces questions, Dario Albertini y répond froidement, mais avec une compassion qui renvoie au néo-réalisme italien et au cinéma de Vittorio de Sica en particulier. Pas mal pour un débutant, bien qu’il dise ne pas se sentir la carrure pour endosser un tel héritage...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA TÊTE HAUTE (2014) (Les difficultés d'intégration d'un adolescent, quelques années après par Emmanuelle Bercot.) ou encore LE GAMIN AU VÉLO (2011) (Les frères Dardenne dans une nouvelle approche du monde de l'enfance malmenée.).

Le réalisateur Dario Albertini s’est consacré à la photographie avant de s’intéresser au cinéma. Il a quatre ans lorsqu’il reçoit son premier appareil de la part d’un père, batteur dans un groupe de rock. Mais très vite le cadre devient trop étriqué pour raconter le monde tel qu’il le voit. Il passe au documentaire et en réalise plusieurs, pour lesquels il cumule les casquettes de, cadreur, ingénieur du son, monteur et compositeur.

En 2015, son premier long métrage documentaire La République des enfants, lui vaut d’être invité dans de nombreux festivals. Son film rend compte du travail précieux que réalisent des éducateurs dans une structure, à 70 kilomètres de Rome pour des adolescents esseulés. Il reste deux ans à l’observer au quotidien et puis se décide à en tirer une histoire romancée, avec la collaboration de l’écrivain Simone Ranucci.

“Ce qui m’intéressait, raconte le réalisateur, c’était le sentiment d’égarement des pensionnaires à leur sortie et je voulais que ce soient les silences de Manuel qui le raconte. Manuel, c’est l’acteur Andrea Lattanzi, casté parmi cinquante autres candidats, venu aux essais sans avoir étudié le rôle, qui se met à lui raconter sa journée. “On aurait dit un écolier qui se justifie parce qu’il n’a pas fait ses devoirs raconte le réalisateur, cela m’a fait beaucoup rire, et j’ai tout de suite pensé : Manuel, c’est lui”. Par la suite, Albertini l’emmène passer un mois à la République des Enfants. “Je lui avais raconté de vive voix l’histoire, il n’a jamais lu le scénario. Au fil du tournage, séquence après séquence, il est entré complètement dans le personnage, vivant profondément cette histoire”. Une histoire italienne, dont on se souviendra.