MUSIC BOX

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Juste après Conseil de famille et la Main droite du diable, Music Box est le douzième long métrage de Costa-Gavras et le troisième qui a directement pour thème la Seconde guerre mondiale, après Un Homme de trop, en 1967, consacré à la résistance et Section spéciale, en 1975, qui évoquait la justice de Vichy. En 2002, avec Amen, il reviendra une troisième fois sur cette période et sur le rôle qu’y a tenu l’église catholique.

C’est à Jessica Lange, découverte une dizaine d’années plus tôt dans les pattes du King Kong de John Guillermin et qui allait bientôt rejoindre Robert De Niro devant la caméra de Martin Scorsese dans les Nerfs à vif, que le cinéaste confie le rôle de cette avocate américaine décidée à de défendre son père, un hongrois naturalisé américain et accusé de crimes contre l’humanité, lui-même incarné par le comédien Armin Mueller-Stahl. Né à Tilsitt – bourgade de Prusse-Orientale, aujourd’hui en Russie –, Armin Mueller-Stahl avait commencé sa carrière en Allemagne de l’Est, au milieu des années 1950. Passé à l’Ouest en 1980, on le retrouvera, assez vite, devant la caméra de Rainer Werner Fassbinder, d’abord dans Lola puis dans le Secret de Veronika Voss. En 1983, il sera le père de Jean-Hugues Anglade dans l’Homme blessé de Patrice Chéreau puis, deux ans plus tard, le prince héritier, l’archiduc François-Ferdinand, dans Colonel Redl, d’Istvan Szabo. En 1996, dans Conversation with the Beast, il passait de l’autre côté de la caméra et se dirigeait lui-même en vieux monsieur de 103 ans persuadé d’être Adolf Hitler.

Sans doute allez-vous reconnaître facilement, dans le rôle du procureur, le comédien Frederic Forrest, le soldat moustachu, et élève cuistot, d’Apocalypse Now ainsi que le romancier Dashiell Hammett dans Hammett de Wim Wenders, vous allez peut-être avoir plus de mal à reconnaître le jeune comédien de 13 ans qui prête ses traits au fils de Jessica Lange. Il s’agit de Lukas Haas qui, quatre ans plus tôt, aux côtés d’Harisson Ford, avait identifié le criminel de Witness, témoin sous surveillance de Peter Weir et qui, vingt ans plus tard, au côté de Leonardo DiCaprio, sera l’architecte, celui qui fait capoter la tentative d’infiltration dans les rêves d’un puissant industriel chinois qui l’éliminera sans pitié, au tout début d’Inception, le film de Christopher Nolan.

Voici donc Music Box, sorti en France le 28 février 1990, huit jours après avoir remporté l’Ours d’or du festival de Berlin.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PORTIER DE NUIT (1974) ou encore FESTEN (1998) .

Si c’est à Jessica Lange que Costa-Gavras pensa, immédiatement, pour cette avocate, fille d’émigré hongrois. Le producteur du film, Irwin Winkler – producteur des Rocky comme de Round Midnight, de Bertrand Tavernier – espérait pouvoir le convaincre d’engager Jane Fonda, auprès de laquelle il s’était déjà engagé. Mais le cinéaste tint bon et le producteur dut déchirer le contrat et adresser à la star un petit chèque de consolation, de plus d’un million de dollars.

En ce qui concerne le rôle de ce père au passé si bien caché, Costa-Gavras pensa d’abord à Kirk Douglas puis à Walter Matthau, avant de prendre contact avec celui qui commençait à reprendre le chemin des studios, après les dix années sabbatiques qui suivirent Apocalypse Now : Marlon Brando. Et puis, finalement, c’est à Armin Mueller-Stahl, qui avait déclaré son admiration pour le cinéaste quelque temps plus tôt, que le rôle échut.

Pour incarner l’impénétrable juge Silver, le cinéaste fit appel, tout simplement, à un vrai juge, exerçant ses fonctions à Chicago, le juge J.S. Block, qui joua, également, le rôle de conseiller technique. Ayant, à l’évidence, pris goût au métier d’acteur, on le retrouvera brièvement, deux ans plus tard, dans Homicide, le polar de David Mamet.

L’idée de Music Box avait été proposée à Costa-Gavras par le scénariste et producteur hongrois, Joe Eszterhas, qui avait entamé son hollywoodienne carrière en 1978 avec le scénario de F.I.S.T, dans lequel on retrouvait Sylvester Stallone en patron du syndicat des routiers. Cinq ans plus tard, le succès planétaire de Flashdance d’Adrian Lyne lui assura une durable notoriété.

C’est en 1988, que Joe Eszterhas et Costa-Gavras se rencontrèrent à l’occasion de la Main droite du diable, un film que le premier avait écrit et que le second tourna avec Debra Winger en agent du FBI face à Tom Berenger en fermier, membre d’une organisation d’extrême droite. C’est pendant le tournage de ce film qu’Eszterhas évoque le scénario de Music box – à l’époque, encore intitulé : les Péchés des pères –, où une jeune avocate américaine doit assurer la défense de son père, accusé de crimes contre l’humanité, dont il se serait rendu coupable à Budapest, sous l'uniforme des croix fléchées, le parti fasciste hongrois, durant l’hiver 1944-1945. S’il semble s’être inspiré du cas de John Demjanjuk, également surnommé « Ivan le Terrible », cet Américain d’origine ukrainienne, accusé par Israël puis par l’Allemagne, de complicité dans le meurtre de 27.900 Juifs dans les camps de Sobibor et de Treblinka, ce sujet touche particulièrement le scénariste, puisque son propre père fut accusé et reconnu coupable par la justice américaine d'avoir, dans la Hongrie des années 1930, organisé plusieurs autodafés avant de rédiger un pamphlet violemment antisémite. Joe Eszterhas affirma, cependant, avoir découvert le passé de son père, après l’écriture du scénario, ce que l’on peut croire... ou pas, tant sont proches sa situation et celle de son héroïne qui, comme lui, une fois la vérité connue, décidera de n’avoir plus aucune relation avec son géniteur.

Sur le papier, Music Box a tout du film de prétoire assommant : une avocate, fille d'immigré hongrois, défend son père au cours d'un procès qui vise à démontrer ou infirmer son implication dans des crimes abominables en lien avec la fin de la Seconde Guerre mondiale en Hongrie. ...

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