PEAUX DE VACHES

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Peaux de vache est le premier long-métrage de Patricia Mazuy. Elle a 29 ans lorsqu’elle met en scène ce drame familial rural. Jusqu’alors elle a exercé le métier de monteuse pour Agnès Varda sur le film Sans toit ni loi où elle a fait la connaissance de Sandrine Bonnaire qui devenait ainsi à la suite l’héroïne de Peaux de vache. Un film qui porte la marque de ses origines sociales, puisque Patricia Mazuy est petite-fille d’agriculteurs.  

Peaux de vache se déroule dans le nord de la France où au cours d’une nuit de beuverie, deux frères mettent le feu à la ferme familiale où un homme périt dans l’incendie. Le frère aîné écope de dix ans de prison, tandis que son cadet devient propriétaire de l’exploitation et se marie. Leurs retrouvailles vont faire renaître de terribles tensions, avec une jeune femme et sa petite fille pour témoins effrayés.  

Présenté au Festival de Cannes en 1989 dans la section Un Certain Regard, le film avait impressionné par sa mise en scène et surpris par l’acuité du regard posé sur le monde paysan, qui jusqu’alors n’avait que très peu intéressé le cinéma français et n’a guère évolué depuis, à quelques exceptions près : Petit paysan d’Hubert Charuel (2017) et Au nom de la terre d’Edouard Bergeon (2019). 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver FRÈRES ENNEMIS (2018) (Le retour d'un homme devenu flic dans la vie de son frère truand bouleverse ici aussi l'équilibre de ce qu'étaient leurs rapports.) ou encore REVENIR (2020) (Le retour à la ferme d'un fils parti est ici au centre de ce qui se joue dans une famille.).

En creux, Peaux de vache dit le quotidien ingrat des gens de la terre avec leurs traites à payer ou les ravages de l’exil rural. Mais il illustre aussi des rapports humains brutaux où la parole n’est pas forcément le mode de communication privilégié ! Pour autant, les non-dits n’empêchent pas l’expression des émotions ; et à ce jeu-là Jean-François Stévenin et Jacques Spiesser se livrent un duel homérique. Patricia Mazuy a continué d’observer la ruralité après Peaux de vache : dans le documentaire Des taureaux et des vaches ainsi que dans Basse-Normandie.  

Sandrine Bonnaire n’a que 22 ans au moment de la sortie du film, mais déjà une filmographie conséquente. Le grand public l’avait découverte en 1984 devant la caméra de Maurice Pialat dans A nos amours pour lequel elle avait reçu le César du meilleur espoir féminin. Deux ans plus tard, elle s’était vue attribuer celui de la meilleure actrice pour son rôle de Mona la vagabonde dans Sans toit ni loi d’Agnès Varda.

Peaux de vache permet enfin d’assister aux débuts précoces de Salomé Stévenin, trois ans à l’époque du tournage. “Les caméras, je ne les voyais pas. J’étais un bébé qui jouait comme tous les enfants, confie-t-elle à Aurore Gorius et Anne-Noémie Dorion dans le livre Fils et filles de… Elle se souvient aussi des moments passés à jouer avec Lydie, sœur de Sandrine,  costumière sur le film. Mais elle évoque aussi le traumatisme provoqué par la scène où Sandrine Bonnaire la saisit sèchement par le bras en criant sur elle. On la voit se pétrifier. “Personne ne m’avait prévenue. La scène est magnifique, mais c’est terrible. On est en train de traumatiser un enfant en direct”. Pas au point cependant de l’avoir dégouté du métier. 

Le film commence fort et nous plonge directement dans une séquence introductive expérimentale et mouvementée qui éveille tous nos sens de part sa mise en scène et son traitement sonore. En effet, nos oreilles accueillent avec violence les cris, les rires presque « animal ...

Deux frères éleveurs, lors d'un soir de beuverie foutent le feu à leur exploitation. En fait c'est l'un des deux qui fait ça, car il sait ses vaches malades et monte une petite arnaque pour toucher la prime de l'assurance. Sauf que c'est l'autre qui ...

Difficile, brut, cru, à vif, sans fard, boueux, violent, un film sous explosif, avec des plans audacieux, complètement dingues pour l'époque, un montage un peu foutraque mais qui sert l'ouvrage en fin de compte, des rôles et des dialogues dépouillés, tendus à l'extrême ...