TOUT EN HAUT DU MONDE

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C’est dans la grande salle, nouvellement restaurée, du Centre culturel de Bonlieu, face au lac, que fut présenté, en juin 2015, Tout en haut du monde, le premier long métrage d’animation de Rémi Chayé, à l’occasion de la 37e édition du fameux Festival international du film d’animation d’Annecy.
Pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître, puisque l’histoire de Sacha, cette adolescente russe du 19e siècle lancée à la recherche du bateau de son explorateur de grand-père disparu quelque part au Pôle Nord – c’est-à-dire tout en haut du monde – fut saluée par une ovation mémorable et récompensée par l’envié Prix du public.

Ce film, entièrement réalisé à l’ordinateur et dont la qualité et la beauté du graphisme – tout en à-plats et sans traits de contour – furent saluées par l’ensemble des commentateurs, bénéficie, également, d’une bande-son remarquable. Celle-ci fut d’ailleurs récompensée par une Mention spéciale du Jury, lors de la dixième édition de « Voix d’étoiles », le Festival International des Voix du Cinéma d’Animation de Port Leucate.

Sur la musique de Jonathan Morali, déjà auteur de la BO de Möbius d’Eric Rochant, Féodor Atkine prête, ici,  sa voix à l’aventureux grand-père, alors que Christa Théret – vue en jeune modèle d’Auguste et en future épouse de Jean dans le Renoir de Gilles Bourdos – est la voix de Sacha, cette courageuse et attachante fillette, à propos de laquelle, dans Télérama, Guillemette Odicino – également membre du jury d’Annecy cette année là – écrivit qu’« avec son délicieux profil tourné vers l’horizon, [elle avait] tout pour entrer au panthéon des plus jolies héroïnes d’animation. »

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CAFARD (2015) (Odyssée courageuse d’un père argentin qui, durant la Première Guerre mondiale, vengera l’honneur de sa fille, abusée par des soldats allemands.) ou encore POCAHONTAS, UNE LÉGENDE INDIENNE (1995) (Autre héroïne courageuse, Pocahontas, la fille du chef des Indiens Powhatans, saura sauver le british capitaine Smith...).

C’est grâce à une rencontre avec Claire Paoletti, enseignante en scénario à la Poudrière – l’école du dessin animé créé à Valenciennes en 1999 par Jacques-Rémy Girerd, futur réalisateur de la Prophétie des grenouilles –, que Rémi Chayé commença à s’intéresser à la jeune Sacha et à sa quête obstinée.
Curieusement, il venait de lire le journal de bord d’un explorateur britannique qui, au milieu des années 1910, était resté prisonnier des glaces arctiques durant 22 mois !

Passionné par le 19e siècle, les romans de Jules Verne, les gravures de Gustave Doré et les lithographies de Daumier, Chayé se lança immédiatement dans cette aventure, qui deviendra son premier long métrage. Doué en maths et en dessin, c’est vers l’architecture qu’il s’était d’abord orienté, avant de se consacrer uniquement au dessin, dont il étudiera les bases à la parisienne Ecole supérieure d’arts graphiques Penninghen.

D’abord storyboarder dans la publicité, illustrateur de livres didactiques et auteur de BD, Rémi Chayé apprendra le métier de l’animation sur le tas puis à la Fabrique, le studio créé dans les Cévennes par Jean-François Laguionie, grand cinéaste d’animation multirécompensé, notamment à Cannes et aux Césars pour La Traversée de l’Atlantique à la rame, court métrage achevé en 1978, et, également, auteur, en 2011, du Tableau, long métrage sur lequel Chayé fut dessinateur et assistant réalisateur. C’est au cours du Festival d’Annecy 2008, qu’il rencontra Ron Dyens, producteur depuis le début des années 2000 et avec lequel il allait convaincre France 3, Canal + et le studio danois Norlum de s’intéresser à son projet, dont le budget s’élèvera à six millions d’euros.

Il s’agit donc d’une production 100% européenne, à 90% française et entièrement réalisée à Paris, très exactement rue de Charonne dans le 11e arrondissement, où une équipe constituée d’une cinquantaine d’artistes – respectueux de la parité homme/femme à laquelle tenait particulièrement Rémi Chayé – réalisa le film que vous venez de voir. Un film chaleureusement accueilli par la presse : « Voyage extraordinaire que n’aurait pas renié Jules Verne » pour la Croix ; « Splendide réussite graphique » pour la revue Positif ; « Une véritable œuvre d’art » pour le Canard enchaîné.

Après avoir travaillé sur les très réussis Le Tableau, Brendan et le secret de Kells, Kerity la maison des contes, Rémi Chayé réalise son premier long métrage. Jules Verne aurait pu écrire cette histoire : à la fin du XIXe siècle une jeune aristocrate russe se lance ...

On va finir par parler d’exception culturelle tant l’animation française parvient à tirer son épingle du jeu ces dernières années, de Phantom Boy à Avril et le monde truqué, pour ne citer que des exemples récents. Tout en haut du monde est un enchantement : aux antipodes ...

Tout en haut du monde, premier film de Rémi Chayé, est un film extrêmement réussi. On est là face à une animation très originale et d'une grande beauté, réalisée par des aplats de couleurs juxtaposés ou superposés. Cette technique (que je n'avais encore jamais vue) ...