LE CHAT

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Libre adaptation d’un roman homonyme de Georges Simenon paru quatre ans plus tôt, le Chat, septième long métrage de Pierre Granier-Deferre, sortit sur les écrans parisiens le 24 avril 1971 – comme le Souffle au cœur de Louis Malle – et y demeura en exclusivité durant seize semaines.  

Dans l’un des derniers pavillons de ce quartier de Courbevoie abandonné aux promoteurs et aux démolisseurs, Clémence, ancienne acrobate de cirque, et Julien, ancien ouvrier typographe, ne se supportent plus, après 25 ans de mariage. Seul témoin de leur vieillesse, de leur solitude et de leurs silences : Greffier, un chat perdu recueilli par Julien et sur lequel le vieil homme va reporter toute son affection, jusqu’à ce que la jalousie de Clémence ne bouleverse leur triste et fragile équilibre.

La sortie du Chat fut un événement, car il réunissait, pour la première fois de leurs carrières, Jean Gabin et Simone Signoret – on peut dire, aujourd’hui, pour l’unique fois de leur carrière. L’événement fut d’importance, souligné par l’ensemble de la presse, qui leur donna du "Monstres sacrés" à longueur d’articles, et récompensé par le festival de Berlin 1971, qui leur attribua, à chacun, un envié Ours d’argent.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver QU'EST-IL ARRIVÉ À BABY JANE ? (L'équivalent hollywoodien du "Chat" : deux stars vieillissantes qui s'affrontent en huis clos.) ou encore LA POISON (Un autre exemple de haine conjugale, porté par la verve de Sacha Guitry.).

Si le Chat demeure l’unique rencontre Gabin/Signoret, il marque, également, la première rencontre de Pierre Granier-Deferre avec l’œuvre de Georges Simenon. En effet, un mois seulement après la sortie du Chat, il entamait le tournage de la Veuve Couderc, toujours avec Simone Signoret. Puis, il portera à l’écran le Train et l’Etoile du Nord – encore avec Signoret –, avant de mettre en scène, pour la télévision, quinze enquêtes de Maigret, avec Bruno Cremer. Et pourtant, d’après Pascal Jardin, le coscénariste du Chat interviewé dans l’Aurore, Granier-Deferre "c’est l’anti-Simenon. Ce n’est pas l’homme des odeurs, des cafés, des bars et du petit matin, mais bien plutôt celui de l’analyse, de la raison, de la rigueur."

Voilà pourquoi, sans doute, il ne reste que peu de choses de l’œuvre de Simenon dans le film. Le vieux couple y apparaît moins odieux et plus pitoyable que dans le roman, où ils sont plus vieux mais, surtout, plus mesquin et plus querelleurs. Sous la plume de Simenon, ils ne se sont jamais aimés, n’unissant leur deux solitudes que très tardivement – lui avec son chat, elle avec son perroquet. C’était le remariage d’Emile, un ancien plombier, et de Marguerite, une bourgeoise ruinée. Dans le film, au contraire, Julien, le typographe, et Clémence, l’acrobate, se sont follement aimés dans leur jeunesse – sur une chanson de Jean Sablon qui plus est ! Le cinéaste expliqua qu’il avait tourné le Chat "pour montrer que le couple est toujours un naufrage et aussi un radeau". Plusieurs critiques parlèrent d’ailleurs d’un Qui a peur de Virginia Woolf, vingt ans après. Moins aimable, Henry Chapier dans Combat affirmera qu’"il y avait là une excellente matière à court métrage, voire un bon sujet pour l’ORTF, mais non pas de quoi soutenir un grand film". Et de conclure : "Des histoires comme celle du Chat, on n’en rien à faire" !

C’est d’abord à Jean Gabin, qu’il venait de diriger dans la Horse, que Pierre Granier-Deferre proposa le rôle de Julien Bouin. Après acceptation du comédien et du producteur – le Chat fut, en effet, produit par la Gafer, la société de production créée par Gabin et Fernandel dans les années 1960 –, il pensa immédiatement à Simone Signoret. Les deux stars s’entendirent à merveille. "Pendant les pauses, racontera la comédienne dans la Nostalgie n’est plus ce qu’elle était (paru cinq ans plus tard), il me racontait son Hollywood à lui [...], et c’était beau de retrouver dans son œil le regard du déserteur de Quai des brumes, dans son sourire le sourire du capitaine Maréchal de la Grande illusion."  

Adapté d'un roman de Simenon, le chat, raconte la déliquescence d'un amour usé par le quotidien. Pierre Granier-Deferre a choisi un duo de forces de la nature pour camper son couple vedette. Simone et Jean ne sont pas faciles, ils ont des idéaux opposés, des personnalités ...

Le Chat c’est la fin d’une ville, d’une époque, d’un couple et de deux vies. Duo d’acteurs au sommet avec des gueules pas possibles comme l’on en voit peu voir plus et c’est dommage car à l’ère du botox il sera fort peu aisé de voir autant d’émotions exprimées ...

Voilà un film dont j’aurai augmenté la note après un second visionnage. La première fois, j’y ai vu une farce, un truc bien grinçant typiquement franchouillard à faire pisser un chat par la patte. Hier soir, surprise, j’ai découvert certaines richesses, quelques subtilités ...