QUELQUES MOTS D'AMOUR

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Kate et Saint John Greene vivent une formidable histoire d’amour depuis leur adolescence. Leur vie bascule cependant lorsqu’ils apprennent que Kate est atteinte d’un cancer. Son compagnon doit désormais s’occuper seul de leurs deux fils avec la peur de la perdre à jamais.  Tel est le point de départ du film du cinéaste britannique Niall Johnson, Quelques mots d’amour. Ce titre fait référence à la liste de choses à faire et à partager écrite par Kate à l’attention des siens.

Né en 1965, le scénariste et cinéaste britannique a, entre autres, réalisé les films Secrets de famille et La Voix des morts tous deux sortis en 2005. Soit pour Secrets de famille une comédie typiquement anglaise à l’humour noir et grinçant et pour La Voix des morts un conte fantastique et funèbre.  Des registres fort différents par conséquent et face auxquels Quelques mots d’amour fait entendre une nouvelle inspiration singulière.

L’histoire de cette mère atteinte d’un cancer avancé qui dresse une liste de conseils et de pensées destinées à son mari et à ses fils pour qu’ils surmontent sa disparition est portée par l’actrice britannique, Emilia Fox dont le jeu fait songer à celui de Vanessa Redgrave. Présente au générique du film de Roman Polanski, « Le Pianiste » en 2002, elle apparaît dans de nombreux téléfilms britanniques.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LOVE STORY (Les deux héros du film de Arthur Hiller sont eux aussi confrontés à la maladie et à ses conséquences sur leur histoire d'amour et leur couple.) ou encore LA GUERRE EST DÉCLARÉE (Comme celle du film, la protagoniste incarnée par la réalisatrice Valérie Donelli invente des stratégies pour conjurer la mort).

Quelques mots d’amour s’inscrit dans la longue liste des films venus d’horizons et de pays les plus divers qui ont traité ouvertement du cancer. Sans qu’il soit possible d’en donner ici un aperçu exhaustif, il convient d’insister sur la récurrence cinématographique d’une maladie longtemps traitée comme un tabou y compris sur grand écran. En 2003 Isabel Coixet dans Ma vie sans moi tenait un propos proche de celui de Niall Johnson en filmant Sarah Polley préparant ses proches à sa disparition. En 1998, la cinéaste Solveig Anspach avec « Haut les cœurs » et son interprète principale Karin Viard, abordait de front cette situation et ses répercussions familiales, intimes et sociales.

Bien avant ce film audacieux, d’autres cinéastes avaient fait du cancer sinon le thème central du moins un motif essentiel de leur œuvre. Rien de commun entre le mélo grand public  Love Story de Arthur Hiller et le terrible drame intimiste de Maurice Pialat intitulé La Gueule ouverte, tournés tous deux dans les années 70. Rien sinon que la maladie y joue un rôle fondamental, au delà-même de tout ce qui sépare ces deux œuvres, alors que durant cette même période Bergman livre son déchirant Cris et chuchotements.

En 1962 déjà, Agnès Varda signait Cléo de 5 à 7, bouleversante promenade parisienne alors que la maladie rôde autour de son héroïne incarnée par Corinne Marchand. Plus d’un demi siècle plus tard, c’est une autre cinéaste, Valérie Donzelli, qui avec La Guerre est déclarée aborde ce même sujet mais appliqué cette fois à un enfant et à sa perte possible. Autant de films, de traitements, d’auteurs et d’époques que tout oppose ou presque et qui pourtant ont fait du cancer et de sa représentation à l’écran bien plus qu’un sujet cinématographique, un enjeu artistique.